Alger le Jeudi 18 Février 2016

«L’Algérie demeure attachée au principe de partage des risques entre producteurs et consommateurs, pour un développement harmonieux de l’industrie du gaz et au principe de l’indexation des prix de ce dernier sur ceux du pétrole pour les contrats à long terme», tels sont, en substance, les propos du ministre de l’Énergie à l’ouverture des travaux du 5eme Symposium de l’Association de l’industrie et du gaz qui se tient à l’hôtel Sheraton du Club des Pins.

À cet effet , il a estimé que la conjoncture baissière des prix , observée actuellement sur les marchés pétroliers internationaux , «ne doit pas nous faire douter de l’utilité des contrats de long terme et encore moins de l’indexation des prix du gaz sur ceux des produits pétroliers».

Un constat partagé par le premier responsable du groupe énergétique Sonatrach , qui est également président de cette association , et qui a affirmé que «le gaz naturel est l’énergie sur laquelle l’Algérie doit miser à la fois pour subvenir à ses besoins et pour assurer sa transition énergétique».
Partant de ce constat , Mr Amine Mazouzi a expliqué que «l’Algérie est un pays gazier et le restera .
Le gaz est nécessaire au développement du pays , il y est abondant et permet de réduire les émissions de CO2 , ce qui en fait une ressource excellente permettant d’opérer efficacement une transition énergétique» , a t-il déclaré lors de son intervention.
Le President Directeur General de Sonatrach a rappelé que le pays dispose d’un potentiel de 16.000 milliards de M3 de gaz conventionnel et de 20.000 milliards de M3 de gaz non conventionnel , et il doit miser sur les nouvelles technologies pour exploiter au mieux cette ressource qu’il a qualifiée de «ressource d’avenir» pour l’Algérie.

Un avis partagé par le Président Directeur Général de Sonelgaz , Noureddine Boutarfa , qui a rappelé les efforts fournis par le groupe public dans la réalisation de projets permettant de faire des économies.
Il a signalé , à ce sujet , la décision de faire fonctionner les nouvelles centrales électriques au gaz naturel , ce qui permettra , entre autres , de se passer d’énergies polluantes.
Il a annoncé , en outre , que plusieurs investissements visant la modernisation des installations de Sonelgaz seront consentis , avec une enveloppe globale de 1.240 milliards de dinars, à l’horizon 2025.

Pour sa part , le consultant international et ancien ministre de l’Énergie , Mr Noureddine Aït Laoussine , a affirmé , lors de ce symposium , que la compagnie pétrolière Sonatrach doit faire preuve de plus de «pragmatisme» pour s’adapter aux changements que connaît le marché gazier, notamment en raison de l’arrivée de nouveaux producteurs . «Le déclin des prix du gaz , indexés au pétrole , mais aussi l’arrivée de nouveaux producteurs sur le marché , impose à la compagnie Sonatrach de faire preuve de pragmatisme pour s’adapte r à la situation» , a-t-il estimé.

«Le marché gazier mondial connaît des changements auxquels il faudrait être attentif»

Selon lui , la compagnie doit opter pour une politique commerciale plus adaptée à la nouvelle réalité .
Il a fait remarquer que le marché gazier connaît des changements auxquels il faudrait être attentif comme , par exemple , la propension des acteurs de ce marché à conclure des contrats à court terme (entre cinq et quinze ans) plutôt qu’à long terme (entre quinze et trente ans), et avec elle la préférence du transport du gaz sous forme de G.N.L (gaz naturel liquéfié) plutôt qu’à travers les gazoducs.

M. Aït Laoussine a noté aussi l’émergence de nouveaux gros exportateurs gaziers, tels que les États-Unis, qui passeront à l’exportation effective en mars prochain, et l’Australie. Si ce dernier pays cible tout particulièrement le marché asiatique en raison de sa proximité, les États-Unis, quant à eux, se concentreront sur l’Europe, marché naturel pour l’Algérie, mais où la demande est actuellement en baisse.
«Le Qatar , premier exportateur de G.N.L, a décidé de vendre son gaz au rabais pour contrer la concurrence future des États-Unis et de l’Australie en Europe et en Asie.
La Russie est également prête à vendre à prix réduits pour préserver ses parts de marchés», a-t-il signalé.
Selon lui, ces deux pays qui sont les concurrents directs de l’Algérie semblent prêts à déclencher une guerre des prix similaire à celle menée par l’Arabie saoudite pour le pétrole. «L’Algérie doit absolument adapter sa politique de vente et prendre des mesures concrètes telle que le renforcement de son infrastructure d’exportation qui n’est exploitée actuellement qu’à 50%», a-t-il préconisé.

La situation est d’autant plus complexe que la demande sur le gaz connaît une certaine baisse en Europe, mais aussi en Asie où le nucléaire et le charbon sont privilégiés, souligne l’intervenant, qui annonce un ralentissement de la demande mondiale plus prononcé d’ici 2020 avec un rythme de progression annuel de 1,5 % contre 2,3 % au cours des dix dernières années.

La bonne nouvelle pourrait venir, toutefois, de l’application réelle des résolutions de la COP21 (conférence sur le changement climatique, tenue fin 2015 à Paris), le gaz naturel étant moins polluant pourrait faire l’objet d’une demande qui ira en augmentant à partir de 2020, justement, à condition que les pays respectent leurs engagements en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre. Un défi qui reste difficile à relever, notera le conférencier.

Pour sa part, le président de British Petrolieum (BP) pour la région Afrique du Nord, Hesham Mekawi, a annoncé la volonté de cette compagnie de pousser encore plus loin sa coopération avec l’Algérie.
Il a annoncé, à cet effet, l’engagement de BP à mettre ses équipements technologiques à la disposition de l’Algérie pour tirer le meilleur parti de l’énorme potentiel dont dispose l’Algérie. «Il n’y a pas de doute sur le fait que la demande mondiale en énergie augmente à long terme et il s’agira de combler cette demande. L’Algérie a un potentiel important en gaz», a-t-il encore dit.

SYNTHÈSE DE L’ALLOCUTION D’OUVERTURE DU 5ème SYMPOSIUM DE L’ASSOCIATION DE L’INDUSTRIE DU GAZ QUI S’EST TENUE A L’HOTEL SHERATON CLUB DES PINS ALGER .

Alger le Jeudi 18 Février 2016