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Journée d’étude sur les techniques de protection De l’environnement dans le développement du gaz de schiste

 

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08 Avril 2015 Journée d'etude A I G Golder photo  interview Attar copie

 

Journée d’étude sur les techniques de protection

De l’environnement dans le développement du gaz de schiste

(Alger 08 Avril 2015)

CLÔTURE ET CONCLUSIONS DE LA JOURNÉE D’ÉTUDE

Par Mr. Abdelmadjid Attar, V.P. de l’AIG

Tout d’abord je tiens au nom de l’AIG et de l’ensemble des participants à adresser nos sincères remerciements aux experts de GOLDER qui ont accepté notre invitation, en venant parfois de loin et pour la première fois en Algérie, de pays divers, pour partager avec nous leurs expériences à l’international sur le thème de notre journée d’études.

Une journée très riche d’enseignements, un débat très intéressant et d’actualité.

Qu’on le veuille ou non il est clair que les hydrocarbures conventionnels ou non, sont au cœur de toutes les stratégies énergétiques à l’échelle mondiale pour plusieurs raisons dont les plus importantes sont les suivantes :

  • Une préoccupation générale en matière de sécurité énergétique à long terme.
  • Une ressource naturelle non renouvelable et à priori pour les hydrocarbures non conventionnels une ressource pouvant assurer un complément majeur dans la transition énergétique qui est en train de faire son petit chemin à travers le monde entier.
  • L’objet d’enjeux géostratégiques et géopolitiques, autant à travers la possession de la ressource que de son contrôle.
  • Et enfin une préoccupation majeure des sociétés civiles du fait des impacts environnementaux qu’on prête à cette ressource.

Les trois premières raisons ont un caractère économique et politique, qui n’a pas fait partie de notre débat d’aujourd’hui, et il aurait fallu consacrer une journée complète à ces aspects.

La quatrième raison a un caractère sociétal, qui fait que l’opinion publique est automatiquement amenée à s’emparer du dossier à travers une multitude de débats qui ne sont pas hélas tous homogènes ou complémentaires, parce que les craintes exprimées, les opinions ou les techniques / solutions avancées d’un pays à un autre, parfois dans le même pays,sont hélas extrêmement divergentes.

Le problème est par conséquent aujourd’hui de réfléchir à la manière d’organiser le débat autour de cette ressource : comment ?Dans quel cadre ?Entre qui et sur quelle base de données ?

C’est pour toutes ces raisons que l’AIG a commencé à travailler sur ce sujet dès 2011 en organisant en 2012 à Oran notre premier workshop sur le gaz de schiste, auquel ont participé de nombreux experts algériens et d’autres venus de plusieurs pays. Nous continuons à le faire de façon très sereine à travers nos participations aux réflexions dans le cadre de l’Union Internationale du Gaz, ou d’actions spécifiques en matière d’échange d’informations, de retour d’expériences à travers le monde, et bien sûr de débat à caractère technique et scientifique entre experts et opérateurs gaziers.

C’est ce qui nous ainsi amené à organiser cette journée d’étude en collaboration avec des experts, cette fois ci dans le domaine des techniques de protection de l’environnement dans le développement du gaz de schiste, puisque c’est ce volet qui est de nos jours au cœur de tous les débats aussi bien en Algérie qu’à travers le monde entier.

Nous aurons j’espère aussi l’occasion d’organiser d’autres journées d’études sur les volets techniques et économiques, mais je dois tout de suite préciser que l’AIG n’est qu’un espace d’échange de données, d’expériences, de progrès, pour le développement de l’industrie du gaz naturel en général, et non celle qui doit décider de l’exploitation de telle ou telle ressource, ou de la stratégie gazière ou énergétique à mettre en œuvre.

Pour revenir au contenu et aux résultats de notre journée d’échange, j’aimerai commencer par poser les questions suivantes :

  • Qu’avons-nous appris aujourd’hui ?
  • Quelles sont les questions, les préoccupations, ou les problèmes que nous avons abordés aujourd’hui ?
  • Quelles sont les précisions, les éclairages ou les réponses à retenir aussi ?

Une première piste très particulière nous a été proposée pour dire que :« LES RESSOURCES NON CONVENTIONNELLES NÉCESSITENT D’Y PENSER DE FAÇON NON CONVENTIONNELLE ».

La matinée a en effet été consacrée à la revue des différents impacts environnementaux potentiels à chaque stade de l’exploration et de l’exploitation du gaz de schiste. Nous avons pu constater que les principaux impacts sont liés à :

  • La forte densité d’occupation des sols (surfaces).
  • L’usage de l’eau en matière de volume et de charge par une dizaine de produits chimiques.
  • La technologie de fracturation hydraulique utilisée actuellement.
  • L’éventuel risque de contamination des eaux souterraines.
  • La gestion des rejets en surface en cours de production et les éventuels impacts sur l’environnement de façon générale (population, sol, végétation, air).

Tous ces impacts ont été abordés à travers les exposés des experts, ont fait l’objet de questions, de réponses, et nous aussi pu prendre connaissance des différents apprentissages propres à chaque pays.

Au cours de l’après-midi nous avons pu aussi passer en revue les expériences de plusieurs pays en matière de pratiques de gestion des aspects environnementaux et sociaux.

On peut donc résumer cet important retour d’expérience par les principales questions, réponses, remarques, et recommandations suivantes :

1- En ce qui concerne les opportunités de développement du gaz de schiste, que ce soit en Algérie ou ailleurs, il est évident que les évaluations du potentiel, même si la plupart sont préliminaires et non certifiées, indiquent la présence d’hydrocarbures non conventionnels en volumes importants dans le sous-sol (volumes de ressources en place). Le poids des hydrocarbures conventionnels dans les modèles de consommation énergétique et l’économie de certains pays producteurs pour plusieurs décennies encore, ainsi que le déclin annoncé de ce type de réserves à moyen ou long terme, nécessite tout l’intérêt à accorder aux hydrocarbures non conventionnels dans les meilleurs délais.

2- Pour ce qui est des risques et des impacts, nous avons pu constater qu’il y a déjà un historique et des expériences, issues aussi bien des hydrocarbures conventionnels ou non conventionnels que des autres activités industrielles (Énergie, Mines, etc…). Ils définissent parfaitement et ont permis d’améliorer de façon continue non seulement les techniques de prévention, de gestion des impacts, mais aussi la réglementation nécessaire en la matière qui évolue de façon conséquente dans tous les pays.

3-En ce qui concerne la protection des ressources en eau et la rationalisation de leur usage, nous avons pu aussi remarquer que d’énormes progrès ont été faits dans ce domaine sur le plan technologique et réglementaire. Le seul problème qui demeure d’un pays à un autre et même d’une région à une autre au sein d’un même pays relève d’un nécessaire arbitrage en fonction des besoins, des ressources disponibles, et des affectations des ressources ou de leur contre valeur (rente). C’est un choix qui n’est pas toujours facile, mais nécessaire selon le contexte énergétique ou économique du pays.

4- Pour ce qui est des risques de contamination des eaux, des sols, et de l’air, le problème est surtout lié à la nécessité d’une réglementation stricte, imposant le traitement des rejets liquides, solides ou gazeux. Nous avons pu constater ce matin que les 10 produits chimiques actuellement utilisés comme additifs ne sont pas aussi polluants qu’on le croit ou qu’on laisse croire. Il n’existe aujourd’hui aucun cas documenté de contamination des eaux souterraines suite à une opération de fracturation hydraulique, ni aucun cas révélé de possible prolongement de fracture jusqu’en surface y compris de façon indirecte à travers des fractures préexistantes. Les études et la modélisation géologiques et sismiques préalables permettent de contrôler parfaitement l’étendue des fractures à créer.                                             Quant aux éventuels impacts qui peuvent survenir en surface, ils ne sont pas différents de ceux connus dans l’exploitation des hydrocarbures conventionnels, ont tous une solution qui repose sur l’obligation de traitement des rejets, et ont bien sur un cout à prendre en considération dans le calcul économique qui précède toujours la décision d’exploiter ou non les hydrocarbures non conventionnels.

5- Quant au choix des technologies de fracturation, et au contrôle des opérations, le problème et sa solution sont tout simplement de nature technologique. Il est vrai que la totalité des technologies sont importées en Algérie comme dans tous les autres pays, et c’est aussi un cout qu’il faut simplement intégrer au calcul de rentabilité comme le traitement des rejets. Il y a bien sur des techniques alternatives à l’utilisation de l’eau, mais aucune d’entre elles n’a prouvé à ce jour son efficacité tant technique qu’économique.

6- Le 6ème point concerne la nécessité d’accepter, d’organiser, et de promouvoir le débat autour de l’opportunité d’exploiter ou non les hydrocarbures non conventionnels. Cet aspect est aussi important que tous ceux qui précèdent, qu’ils soient d’ordre environnemental ou économique. C’est ce que l’AIG essaie de promouvoir depuis 2012, en fournissant les éclairages nécessaires, en organisant des échanges d’expériences, en participant elle-même aux débats et aux études à l’échelle mondiale au sein de l’UIG, et bien sur en valorisant tout cela au sein de journées d’études comme celle d’aujourd’hui.

7- Le dernier point aurait pu être celui qui consisterait à répondre à la question suivante : l’Algérie doit elle ou non s’engager ou se préparer à une éventuelle exploitation du gaz de schiste ? Nous avons pris connaissance cet après midi de trois expériences que nous pouvons résumer ainsi :

POLOGNE 

  • Potentiel non conventionnel le plus intéressant en Europe, et besoins énergétiques en croissance.
  • 68 puits réalisés à ce jour dont 13 horizontaux fracturés.
  • Roche mère profonde entre 3 et 6.000 mètres.
  • Résultats préliminaires décevants en matière de réserves et de production.
  • Aucune production actuelle.
  • Principal problème rencontré lié à l’occupation des sols et à la ressource hydrique dont la réglementation est très stricte.
  • Opérations en surface très complexes et couteuses (acquisition de sismique, accès aux terrains, routes, nuisances par rapport à la population et à la couverture végétale/agricole).
  • Prépondérance du charbon dans le modèle de production/consommation énergétique.
  • Mais poursuite de l’évaluation avec beaucoup de progrès pour faire face aux difficultés énumérées.

     AFRIQUE DU SUD

  • Potentiel non conventionnel relativement intéressant en Afrique, et besoins énergétiques en croissance.
  • Absence de tradition pétrolière ou gazière.
  • Absence de moyens technologiques et logistiques.
  • Absence d’infrastructures nécessaires pour valoriser une éventuelle exploitation (Pipes, stockage, usage industriel du gaz)
  • Absence de régulation propre aux hydrocarbures.
  • Prépondérance du charbon dans le modèle de production/consommation énergétique.
  • D’où la décision d’un moratoire de 3 ans pour préparer le cadre nécessaire à l’exploitation de cette ressource.

ÉTATS UNIS

  • Potentiel conventionnel en déclin.
  • Potentiel non conventionnel énorme.
  • Capacités technologiques dominantes dans le monde.
  • Industries et infrastructures gazières (amont et aval)les plus importantes au monde.
  • Besoins énergétiques les plus importants au monde.
  • Stratégie basée sur l’indépendance et la sécurité énergétique.
  • Régulation en progrès constant pour les hydrocarbures non conventionnels.
  • D’où la position de premier producteur de gaz non conventionnel depuis 2008.

ET L’ALGÉRIE DANS TOUT CA ?

  • On ne peut certainement pas se comparer aux USA, mais il y a des similitudes relatives.
  • L’Algérie a une tradition et une industrie, ainsi que des infrastructures pétrolières et gazières.
  • L’Algérie renferme aussi un potentiel non conventionnel très important, mais qui nécessite d’être évalué sur 3 plans : Technique, Environnemental, et économique.
  • L’Algérie a hélas une économie et un modèle de consommation énergétique dépendant exclusivement des hydrocarbures.CE N’EST LE CAS NI DE LA POLOGNE NI DE L’AFRIQUE DU SUD dont les modèle de consommation énergétique repose sur le charbon, et l’économie sur d’autres activités (agriculture, mines et industrie).

Les expériences issues de plusieurs pays, les études et les données disponibles mettent en évidence que l’énergie et plus précisément l’indépendance énergétique, est un facteur essentiel dans la stratégie de tous les pays.                                          La présence ou l’absence de potentiel en hydrocarbures ainsi que le modèle économique en présence sont d’autre part les deux facteurs de base qui pèsent dans la décision de développer ou non les hydrocarbures non conventionnels, et le processus de mise en œuvre. D’où la différence entre un pays et un autre en matière de transition énergétique à adopter.

L’Algérie est caractérisée par des avantages mais aussi des inconvénients :

  • Des réserves conventionnelles appréciables mais non renouvelables et appelées a décliner a moyen et long terme.
  • Des ressources non conventionnelles importantes mais qui nécessitent une évaluation urgente pour en apprécier l’exploitabilité en fonction des technologies et des moyens disponibles.
  • Une économie très dépendante delà rente hydrocarbures.
  • Un potentiel en énergies renouvelables (solaire surtout) exceptionnel, mais un modèle de consommation énergétique basé pour le moment presque exclusivement sur les hydrocarbures.

La mise en œuvre d’une transition énergétique et économique nécessite par conséquent de multiples arbitrages à moyen terme, ainsi que l’évaluation et l’exploitation de toutes les ressources énergétiques sans exception, dans une optique de sécurité énergétique à long terme.

«Seul le débat transparent peut dissiper les craintes»

PDG PEROLEUM M HAMID GUEDROUDJ

PDG PEROLEUM Mr. HAMID GUEDROUDJ

«Seul le débat transparent peut dissiper les craintes»

Sollicité pour éclairer nos lecteurs sur l’exploitation du gaz de schiste qui fait aujourd’hui l’objet d’une violente controverse en Algérie, Hamid Guedroudj, patron d’une importante société d’ingénierie pétrolière basée en Ecosse, a bien voulu répondre aux questions relatives à la problématique centrale des hydrocarbures non conventionnels que nous lui avons posées.

Spécialisé dans le développement, le design et la gestion des champs pétroliers et gaziers qu’il pratique depuis 36 années aux Etats-Unis et dans d’autres contrées du monde, cet ingénieur émérite d’origine algérienne a reçu de nombreuses distinctions dont celle, toute récente, de la reine d’Angleterre, en reconnaissance de l’extrême performance de la société d’ingénierie pétrolière basée en Ecosse (PETEX) qu’il dirige. Hamid Guedroudj sait donc parfaitement de quoi il parle quand il s’exprime sur tout ce qui a trait aux hydrocarbures, les gaz et huiles de schiste, y compris.

 Très succinctement, quelle différence y a-t-il entre extraction conventionnelle et celle dite «non conventionnelle» d’hydrocarbures ?

Les hydrocarbures proviennent d’animaux marins enterrés en mer stagnante pendant des centaines de millions d’années. Avec des dépôts supplémentaires, les sédiments sont enfouis plus profondément, provoquant une hausse de température et   pression. Les matières organiques se transforment en kérogène qui est le précurseur des hydrocarbures.

Avec le temps, la cuisson du kérogène entraîne une expansion volumétrique significative, qui induit des millions de fractures hydrauliques (phénomène naturel)  qui finit par relier les pores dans le schiste et permettent la migration progressive du gaz hors de la roche mère. Le gaz migre vers le haut et ventile en surface à moins qu’il soit pris au piège, auquel cas  un réservoir de gaz naturel conventionnel est créé. Si un piège n’existe pas, il peut aller tout le chemin à la surface (phénomène naturel).

L’extraction conventionnelle consiste à forer là où les hydrocarbures ont été piégés (le réservoir), la non-conventionnelle consiste à forer directement dans la roche mère qui est de l’argile compactée (schiste). La capacité de produire à grand débit étant limitée, il faut fracturer les argiles pour permettre une récupération. Les hydrocarbures sont les mêmes dans les deux cas et beaucoup de production conventionnelle est le résultat de fracturations si le réservoir est de basse perméabilité.

La technologie de fracturation a démarré il y a près de cent ans de manière primitive et a été utilisée de manière sérieuse depuis les années 50’. Il y a plus d’un million de puits fracturés aux USA qui, comme vous le savez, en détiennent le plus grand nombre.   Qu’est-ce qui fait que la première soit admise et la seconde suspectée de divers maux et, notamment, la pollution irrémédiable de l’environnement ? Vous avez personnellement vécu des expériences d’exploitation de gaz de schiste  à travers de nombreux pays du monde, quelles leçons en avez-vous tirées?

La grande différence entre le conventionnel et autres est surtout dans la capacité de produire. Les volumes drainés par le non-conventionnel sont petits. Cela veut dire qu’il faut forer beaucoup plus de puits que le conventionnel, ce qui crée un problème près des zones habitées. Il n’y a, fondamentalement, aucune autre différence. L’industrie du pétrole dans tous les cas comporte des risques. Le plus grand est celui de l’intégrité des puits. Il faut que les puits soient bien cimentés pour éviter la communication entre différentes couches.

Cela est le cas aussi bien pour le conventionnel que le non-conventionnel. Le désastre de Macondo (puits conventionnel) dans le golfe du Mexique démontre bien l’importance de l’intégrité.Selon les autorités environnementales américaines, il n’y a jamais eu contamination due au fracking (fracturation), mais il y a eu des cas de mauvaise cimentation qui ont permis un contact entre différentes couches.

Cela est prouvé et des rapports sérieux existent. La meilleure source existe chez la «United states environmental agency» où tous les cas de plaintes contre les contaminations sont analysés.

C’est comme cela qu’un événement qui a été largement diffusé sur YouTube à Dallas (eau en feu) a été classé comme fraude. Un tuyau de gaz avait été connecté à l’arrivée d’eau. La production d’hydrocarbures conventionnels contient les mêmes risques que le non-conventionnel. Des milliers de puits en conventionnel sont fracturés tous les ans.

Le problème n’est pas la fracturation, mais une règlementation sévère et sérieuse concernant l’intégrité des puits quels qu’ils soient. La leçon principale est qu’en se focalisant uniquement sur le non-conventionnel, on risque d’oublier que toute production d’hydrocarbure fait face aux mêmes problèmes et contient des risques qui ne sont minimisés ou éliminés que par la compétence et une réglementation basée sur la science. L’inquiétude de la population est légitime, mais elle ne doit  pas tomber dans l’irrationnel et la fiction.   Dans les oasis sahariennes où l’eau est à juste titre sacrée, on comprend que les populations concernées s’inquiètent de voir leurs nappes d’eau polluées par les fracturations de roches et les injections de produits chimiques. Le risque est bien réel, vous en convenez ?

L’eau est sacrée où qu’elle soit, elle est la base de toute vie. Le problème de la contamination a déjà été traité au-dessus, et il est relié à l’intégrité des puits, c’est-à-dire qu’il n’y a aucune différence entre le gaz de schiste ou des puits à Hassi Messaoud.La différence est la quantité d’eau requise pour faire un multi frac. Nous avons besoin de beaucoup plus d’eau pour fracturer les argiles (schistes). Entre le forage et les fractures, on aurait besoin en moyenne de 15 000 m3 d’eau par puits, ce qui est énorme.

Cette quantité peut cependant être recyclée pour fracturer un autre puits à hauteur de 80%.Une fois que le puits produit, nous n’avons plus besoin d’eau. L’industrie fait actuellement des recherches pour pouvoir fracturer avec du gaz et notamment du CO2 qui serait adsorbé par les schistes. Il y a une grande polémique sur les produits chimiques utilisés pendant la fracturation.

La liste de ces produits est disponible sur le site «frack disclosure registry» dont le but est de protéger l’environnement et essentiellement les ressources hydrauliques. La composition des fluides de fracture consiste en 90% d’eau, 9,5% de sable et de 0,5% de produits chimiques.

Ces produits chimiques sont ceux que l’on retrouve dans notre vie quotidienne, à savoir les acides utilisés pour nettoyer les piscines, le glutaraldehyde pour désinfecter l’équipement dentaire, le chlorure de sodium, les sels boratés utilisés dans la fabrication des savons, le glaciol antigel, les acides citriques utilisés dans la fabrication de jus, etc.

Au risque de me répéter, le problème n’est pas la fracturation, mais l’intégrité des puits. La fracturation est une technique qui n’est pas nouvelle. Le risque existe, mais il est du même niveau que celui des puits conventionnels. Cela a été prouvé, pour qui s’y intéresse, par des autorités  scientifiques sérieuses.

Les ressources conventionnelles d’hydrocarbures sont-elles à ce point taries pour se précipiter dans l’exploitation très controversée du gaz de schistes dont on  ne maîtrise pas la technologie et, plus grave encore, à une période où les prix du gaz et du pétrole enregistrent une baisse qui promet d’être forte et durable ?

A ma connaissance, l’Algérie ne s’est pas lancée dans l’exploitation des gaz de schiste, mais essaie de forer quelques puits pour déterminer le potentiel en gaz. L’Algérie, comme tous les autres pays fera face à une consommation d’énergie en constante augmentation. Elle devra faire face à ce défi en ayant une stratégie énergétique logique, rationnelle et réalisable.

Comment peut-on créer des stratégies énergétiques sans comprendre les éléments de la décision ? Sans connaître les potentiels énergétiques futurs, on travaillerait sur le coup à coups et l’arbitraire. L’Algérie n’est pas encore  entrée dans la production de gaz de schiste, et n’étant pas dans le secret des dieux, je ne sais si cette décision sera prise dans le futur ; cependant, cela pendra plusieurs années avant d’avoir l’environnement nécessaire pour l’exploitation des gaz de schiste.

Concernant l’argument du prix de pétrole pour tout arrêter, c’est exactement l’inverse qui doit être fait. La crise du pétrole et la disponibilité des compagnies de services sont telles qu’il est en effet aujourd’hui possible de réaliser ce type de projets à moindre coût.   En cas de tarissement à terme de nos ressources d’hydrocarbures, ne serait-il pas mieux indiqué d’aller résolument vers la promotion des énergies renouvelables (énergie solaire, éolienne, etc.) qu’il est très possible de développer en Algérie. On ne comprend pas, par exemple, pourquoi l’Algérie ne veut pas s’impliquer dans  le projet Desertec, que le Maroc tente aujourd’hui de récupérer à son compte…

Toutes les sources potentielles d’énergie doivent faire partie d’un panier qui répond au besoin d’un pays quel qu’il soit. Il ne faut pas tomber dans la facilité de croire qu’il existe des sources infaillibles, propres, pas chères. Il n’en est rien, toute source d’énergie est associée à des éléments négatifs pour lesquels il faut planifier sérieusement afin de les surmonter. Les hydrocarbures ont leurs problèmes, mais les autres sources en ont autant, sinon plus. Energie solaire : de prime abord, cela semble parfait. L’Algérie est bénie par une grande quantité de radiation solaire qui peut être exploitée. Cela est vrai jusqu’à ce qu’on réalise que la nuit il n’y a pas de radiations solaires. Il faut donc résoudre le problème du stockage d’énergie de manière environnementale.

On ne peut utiliser des millions de batteries qui nous poseraient un plus grand problème. De même que les éoliennes ne produisent de l’électricité que s’il y a du vent. Ces exemples très simples démontrent que si l’on veut exploiter toutes les énergies, il faut développer des approches intégrées et même décentralisées.

Ces systèmes utiliseraient le soleil, les éoliennes, les hydrocarbures et autres quand il faut, là où il faut. Juste une autre information, le kilowatt produit aujourd’hui par le solaire est autour de 4 fois le prix du kilowatt généré par les gaz de schiste.   Peut-on, selon vous, concilier le bilan national des ressources en gaz de schiste que vous recommandez de faire pour évaluer nos disponibilités et les travaux d’exploration tels qu’ils sont actuellement menés à In Salah ? Les populations locales n’ont-elles pas raison de s’inquiéter de la lourde menace que font peser les fracturations et les produits chimiques sur leur environnement ?

En ce qui me concerne, je suis avant tout un technicien avec de l’expérience dans divers aspects de la production de pétrole. Mes opinions hors technicité ne font en aucun cas partie d’un groupe quelconque. Les efforts actuels d’évaluation du potentiel de gaz de schiste en Algérie ne seront pas suffisants pour avoir une réponse définitive.

En Grande-Bretagne, qui est toute petite comparée à l’Algérie, le nombre de puits forés pour l’évaluation est bien plus grand. Il faudra des années avant que la décision de produire commercialement les gaz de schiste soit prise pour plusieurs raisons techniques, sans compter les raisons  politiques qui ne sont pas de mon ressort. Les populations du Sud ont des craintes légitimes, que seuls la communication et les débats transparents peuvent dissiper.

La coopération entre tous les éléments de la population est la seule manière d’assurer des forages propres qui permettent une prise de décision sur l’avenir qui bénéficie à tout le monde. Il faut une collaboration entre les populations locales et les techniciens dans un état d’esprit ouvert et de transparence. Dans tous les aspects de notre vie,  plus on comprend et  moins on a peur.  Il faut éliminer les mythes et se baser sur la réalité dans un monde où le sensationnalisme semble avoir dépassé la raison.

En conclusion, il n’existe rien dans notre vie qui n’a que du bon ou de mauvais. Il faut savoir faire la part des choses. Les gaz de schistes ne sont pas une panacée, mais peuvent devenir une obligation. Beaucoup de gens se basent sur des lectures digitales. L’internet qui est utilisé comme preuve dans ce débat contient tous types d’informations. La grande liberté qu’offre internet ouvre aussi la voie à l’irresponsabilité, à l’extrémisme, de même que la raison.

On peut trouver la rationalisation de la décapitation d’êtres humains, de même comment on peut améliorer notre humanitarisme dans nos sociétés. Un petit film que j’ai vu dernièrement sur You Tube présente le premier forage de gaz de  schiste en Algérie comme étant l’exemple de catastrophe qui nous attend.

En réalité, si l’auteur avait eu une expérience dans l’industrie du pétrole, il aurait su que ce qui est montré n’est que le résultat d’un forage normal partout dans le Sud algérien ou ailleurs. Il faut que la raison et la logique l’emportent sur l’extrémisme intellectuel et l’intimidation. C’est à cette condition seulement que la société aura de réelles chances d’évoluer.

 

Contribution de Monsieur Aissaoui « I have just returned from Riyadh »

Aissaoui Ali

I have just returned from Riyadh where I attended as a panelist the IEA-IEF-OPEC Symposium on energy outlooks. This was followed by my participation as a discussant in a Thought-Leaders’ Roundtable co-sponsored by the IEF and KAPSARC. Both events were aimed to contribute towards a better understanding of developments that are shaping oil markets and investment trends.
As usual the main part of the Symposium was intended to further explore the areas of consensus and divergence between the energy outlooks regularly released by the IEA and OPEC. In practice, this takes a form a “beauty pageant” between the two institutions. However, for the first time since initiated in 2011, this exercise was complemented by an independent review and benchmarking prepared by Duke University Energy Initiative that greatly enriched the discussion. The Symposium also addressed the many uncertainties stemming from current energy outlooks and how likely they are to affect investment decisions.
The thought leaders’ roundtable discussion, which adopted the same format than the symposium, focused on oil market volatility, investment and spare capacity. In this latter respect, the key question explored was whether US shale oil can act (bottom up) to substitute for (top down) output regulation by OPEC and Saudi Arabia. Performing the role of swing producer assumes that the atomized independent US shale oil producers can offer global market the needed spare capacity. The corollary is that, provided US crude oil exports are no longer prohibited, world oil prices would be mainly decided by the marginal cost of producing shale oil.
As far as I am concerned I covered OPEC investment outlook. More precisely, I attempted to answer the two following questions: First, is OPEC willing to invest if the oil price, at which global supply and demand balance, is widely uncertain? Second, should OPEC be willing, is it able to invest? Before answering these questions, it was useful to briefly explore what the future holds for OPEC.
OPEC will continue to face long-term structural changes and uncertainties in both its external and domestic landscape. On the global stage, the profound shifts in energy demand and energy supply patterns we have been witnessing in recent years are likely to deepen. Surely, there will be further effects of the energy security-climate change nexus on petroleum markets. On the demand side, efficiency progress in vehicles and alternative transport fuels will likely continue reducing the importance of oil. On the supply side, current challenges from the potential impact of light tight oil (LTO) and other unconventional oil sources will become more compelling should the ‘US Shale Revolution’ spread successfully to other parts of the world. Looking further ahead, one wonders what other ‘energy revolutions’ lie in store at the confluence of technology and innovation, politics and policy, and the economics of viability of frontier oil development?
On the domestic front, OPEC members are heading down an unsustainable energy consumption path causing huge opportunity costs from lost export revenues. Policy makers’ responses to rapidly rising energy demand (resulting from profligate consumption patterns) have tended to focus more on the prospect of supplying alternative energies and less on managing demand. While energy efficiency pronouncements have yet to materialize, energy pricing and subsidy reforms remain a real policy and political conundrum. In these circumstances, our projections indicate that export share of oil production is likely to shrink further from the current 60% to just 40% by 2040.
In the medium term, OPEC will face difficult internal dynamics, even if it manages to retain global market share. This stems from the fact that Iraq, Iran and Venezuela are major potential sources of capacity and output growth. Normalization of Iran’s relations with the West and a return to stability in Iraq would lead to production gains that could challenge Saudi Arabia’s leadership. Furthermore, growing exports of oil products risk eroding the demand for crude oil in some importing countries. In this respect, Saudi Arabia, which has recently invested heavily in export-oriented refineries, may now be perceived more as a “refiner” whose influence on crude oil prices is diminishing. Indeed a shift from trading crude to trading products risk rendering quotas on production meaningless as a tool to govern exports and prices.
But is OPEC willing to invest if the oil price at which global supply and demand balance is widely uncertain? Among other factors, price trends influence consumption and production, which in turn drive price changes. To assess the range of potential interactions between supply, demand and prices, the 2014 IEO (US EIA) considers three price cases: the Reference (central) case where prices trend towards $141 per barrel in 2040 (in 2012 dollars), and two alternative cases: a Low Oil Price and a High Oil Price cases where prices hit $75 and $204 per barrel, respectively by 2040. These three cases illustrate some, but not all, of the range of uncertainties in the future of the oil market.
As oil prices are likely to oscillate between these extreme scenarios, the corresponding call on OPEC oil would be expected to be between 43.7 million b/d and 65.3 million b/d in 2040. Therefore a major challenge for OPEC and its members as they develop their investment strategy will be finding a trade-off between pre-commitment and flexibility before such wide uncertainty is resolved.
Should OPEC be willing, is it able to invest? Our perceptual mapping of the energy investment climate, which combines three attributes (potential investment, country risk and the enabling environment for the development of the oil industry), suggests a poor overall score for more than half of the OPEC countries, among which are those previously identified as having the biggest potential for growth. In addition, in the context of low oil prices, financing is emerging as a major impediment to investment.
Financing is a pivotal element in investment decisions. It is basically determined by the structure of capital requirement, which we have found to be one-third debt and two-third equity for OPEC medium-term energy investment. Equity, which is a dominant feature of the upstream industry, is sourced internally either through corporate retained earnings or, more significantly, through state budget allocations. Therefore, its funding depends on the extent oil prices recover towards countries’ fiscal break-even prices. Accordingly, most member countries will hardly be able to finance their share of upstream investments so long as their fiscal break-even costs are above the ‘normal’ OPEC weighted average, which, as a result of continuing expansionary fiscal policies, has remained at $100-plus per barrel.
Finally, debt, which is a dominant feature of the downstream industry, is sourced externally. Despite recent success in the issuance of bonds and sukuk, predominantly in the GCC, external financing of energy investment continues to rely heavily on a still distressed dollar-denominated loans market, notwithstanding greater involvement of export credit agencies (ECAs) and local banks. This market will hardly fully recover without international banks
renewing their commitment to the OPEC area. Meanwhile, meeting the potential debt requirements will remain a daunting challenge.
In conclusion, more than any other factor, uncertainty about future price paths is likely to hamper investment decisions and the pace of OPEC capacity expansion. The higher the price the more incentive there is to invest; but high prices entail lower call on OPEC oil, leading in turn to lower prices. The current down price cycle, which is reviving old dilemmas (and soon dramas) is not conducive to investment in general. In this context, OPEC investment outlook could be further undermined if policymakers fail to address new challenges, including: rationalizing domestic consumption to generate greater petroleum export revenue; improving the investment climate and creating a better enabling environment for business; as well as moving towards sustainable, non-oil-rent-dependent alternative sources of funding
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REVUE AIG NEWS N°1

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Contribution de Monsieur Aissaoui « Algeria Wakes Up to a Looming Crisis… »

Algeria Wakes Up to a Looming Crisis

I am pleased to inform you that ENI’s quarterly OIL magazine has just published an article I authored under the Editor’s title “Algeria: The Threat of a Possible Crisis”. The theme of the magazine’s issue is about “Winners & Losers” in the context of the current oil price collapse.

The following is a quoted excerpt from the introduction and conclusions of the article. For any further reproduction or republication of part or all the article, please contact Gianni Di Giovanni, the Editor in Chief of the magazine. You may also wish to freely subscribe to OIL, which provides authoritative analysis of current trends in the world of energy, with particular attention to economic and geopolitical developments (www.abo.net).

Prime Minister Abdelmalek Sellal’s ominous statement early this year that Algeria “faces a crisis” does not forebode well for the nation’s outlook. He and his government seem to have suddenly woken up to the real dimensions of the global oil market collapse. The sharp fall in prices, which was mainly caused by a supply shock from the growth momentum in North American unconventional oil production, then aggravated by OPEC’s unwillingness to mitigate it, is likely to overwhelm government’s ability to respond. Already in the benign environment that prevailed before prices spiraled downward, the government could hardly cope with a myriad of socio-economic problems. As Algeria’s woes could worsen, the financial resources saved during past oil market uptrends might not be sufficient to help deal with the most urgent challenges.

As Algeria’s economic prospects remains closely bound to the state of its hydrocarbon sector, the collapse of oil prices has served as a strong reminder of the country’s extreme vulnerability. In the current critical context, neither the available fiscal buffer nor the new framework for attracting FDI in the hydrocarbon upstream sector, would entirely overcome the heightened challenges the country faces, including funding expansionary budgets and moving forward the process of recovery in the oil and gas industry. Furthermore, the government does not seem to have a realistic grasp of the threats and challenges from a new, unpredictable opposition that its inconsistent policies and lack of participation have provoked. Favoring participation requires a significant change in the Algerian policy-making mindset. This mindset, which has been shaped by old experiences and traditional ways of identifying problems and devising policies, is far too rigid to effectively deal with the challenges – and indeed the opportunities – that lie ahead. Challenges will hardly lead to opportunities without an informed public debate and the articulation of a coherent, credible, and consensual vision to steer the country out of a looming crisis and lead it in a more viable direction.

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